À Calgary la partie va être serrée pour beaucoup d'équipes.
C'est qu'ici, à Moscou, l'entraînement aux Jeux olympiques est une affaire
sérieuse qui ne laisse rien au hasard. Tout le monde sait bien, d'ailleurs, que
des athlètes de haut niveau ne peuvent apparaître que sur la base d'une
pratique de masse.
La course sur petites distances, par exemple, se prépare à
tous les carrefours importants de la capitale. Le système est peu coûteux : un
simple (mais sévère) raccourcissement de la durée normale de clignotement du
petit bonhomme vert a permis de transformer les feux de signalisation en
véritables pistolets de starter. Et au bénéfice de tous, sans exclusive.
Ages, sexes et religions confondus, et où que vous soyez quand le signal est
donné, vous n'avez que quelques secondes pour atteindre le trottoir d'en face.
C'est efficace. Je ne pensais pas avoir conservé d'aussi bons réflexes ! La
forme revient vite quand on entend les automobilistes enclencher la première et
faire rugir leurs moteurs à trois pas de soi.
Certains carrefours présentent une version améliorée du
dispositif d'entraînement : franchissement quasiment à la brasse d'un caniveau
d'épaisse soupe de neige suivi d'un finish sur trottoir verglacé jusqu'aux
escaliers du métro, lesquels présentent successivement une variante neige
fraîche (le matin) et lourde (le soir).
Naturellement, libre à ceux qui visent plus qu'un maintien en
forme d'ajouter à ces figures de base certains agréments, tels le slalom dans
la foule, éventuellement encore agrémenté du port de sacs et paquets.
Et n'allez pas croire que seuls les grands axes de la capitale
bénéficient de ces aménagements. C'est partout que de larges espaces jouxtant
les immeubles sont sillonnés de semblables parcours de santé. Soigneusement
évités par les chasse-neige, ces sentiers tracés par les pratiquants
eux-mêmes sont idéaux pour l'entraînement aux plus rudes épreuves par tous
les temps.
Dans mon quartier, l'ingéniosité conjuguée de milliers de
gens taillant leur piste matin et soir a produit jusqu'à trois parcours en une
seule semaine, aboutissant à une sorte de plateau à la déclivité forte et
égale. Tout cela, bien sûr, avec le concours des autorités qui ont compris
que la pose de quelques dizaines de marches à cet endroit aurait privé les
habitants d'une possibilité exceptionnelle de musculation du tibial antérieur
et d'assouplissement des chevilles.
Vraiment, pour ne pas atteindre un bon niveau dans les sports de
glisse avec des conditions aussi exceptionnelles, il faudrait le faire exprès.
Ici, même les mémés dominent le double axel ! Nous-aussi, nous nous y sommes
mis, principalement en patinage synchronisé avec poussette d'enfant. Et ça
donne !
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